BOSQUET DE LA REINE/LE LABYRINTHE


Ce bosquet a remplacé le fameux Labyrinthe qui illustrait à ses carrefours trente-neuf fables d'Esope par des fontaines en plomb peintes au naturel mettant en scène des animaux.
Construit en 1669 sur une idée du conteur Charles Perrault, il fut détruit lors de la replantation des jardins en 1775-1776, pour être remplacé par le bosquet de la Reine.
Le décor sculpté actuel fut mis en place à la fin du XIXe siècle.



This grove replaced the famous Labyrinth that illustrated at its crossroads thirty-nine fables of Aesop with lead animals in fountains painted in natural colours.
Built in 1669 after an idea of the tale-teller Charles Perrault, it was destroyed during the replanting of the gardens in 1775-1776, and replaced by the Queen's Grove.
The present sculpted decor was installed in the late 19th century.

  
Copyright Jean Cotelle/EPV

Copyright Jean Cotelle/EPV


GRAVURE DE SEBASTIEN LECLERC

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NOCTURNE






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Trois cent trente animaux de plomb : l'ensemble réalisé entre 1672 et 1674 pour le bosquet du Labyrinthe de Versailles formait une collection unique au monde, qui ornait les quelques trente-neuf fontaines illustrant divers épisodes de la fable antique.
Au sein d'un parcours complexe, ces animaux étaient mis en scène par un usage intensif des effets hydrauliques et de l'art des rocailleurs.

Ce chef-d'oeuvre isolé fut impitoyablement détruit à partir de 1775, lors de la replantation générale des jardins.
Seuls trente-cinq animaux subsistent aujourd'hui, ainsi que les deux statues d'Esope et de l'Amour, qui étaient placées à l'entrée du bosquet.

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Chaque fontaine illustre un épisode tiré des fables attribuées au poète grec Esope, certaines rendues célèbres par le premier recueil des fables de La Fontaine publié en 1668.

On y admire ainsi le combat des animaux, le Renard et le corbeau, le Lièvre et la tortue, le Lion et le rat, le Singe et le chat... interprétées par trois cent trente animaux conçus peut-être par Le Brun, sculptés par des artistes de talent, et mis en couleurs vives par Jacques I Bailly.

Pourtant, ni Perrault ni La Fontaine ne furent chargés de composer les quatrains qui ornaient les socles des statues, mais le poète de coeur, Isaac de Benserade, librettiste entre autres de Lully.

Quelques peu anachronique dans l'histoire des jardins, le bosquet du Labyrinthe est remarquable à la fois dans son dessin, son programme statuaire exceptionnel, et l'écho qui en fut donné par un ensemble unique de gravures composé par l'un des plus subtils graveurs de l'époque, Sébastien Leclerc.


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Three hundred and thirty animals Lead : all made between 1672 and 1674 for the grove of the Labyrinth of Versailles formed a unique collection, which adorned the few thirty-nine fountains depicting various episodes of ancient fable.
Within a complex path, these animals were staged by intensive use of water effects and art rockery creators.

This isolated masterpiece was ruthlessly destroyed in 1775, during the general gardens replanting.
Only thirty-five animals remain today, as well as the two statues of Aesop and Love, which were placed at the entrance the grove.


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Each fountain shows an episode from the fables attributed to the Greek poet Aesop, some made famous by the first collection of fables of La Fontaine published in 1668.
One can admire the fight of animals, the fox and the crow, the tortoise and the hare, the lion and the rat, monkey and cat... interpreted by three hundred and thirty animals may be created by Le Brun, carved by talented artists and made in bright colors by Jacques I Bailly.

Neither Perrault nor La Fontaine were responsible for composing quatrains that adorned the bases of statues, but the court poet, Isaac de Benserade, librettist for Lully.

Some how anachronistic in the history of gardens, Labyrinth grove is remarkable both in its design, its outstanding statuary program and echo that was given by a single set of prints made by one of the more subtle writers of the time : Sebastien Leclerc.


PIERRE MAZELINE/MV



Les sculpteurs

Par son ampleur, l'ensemble formé par les sculptures animalières du Labyrinthe est sans précédent.
Le maître d'oeuvre de ce bestiaire exceptionnel n'est pas connu.
Il n'est pas impossible que Charles Le Brun, premier peintre du roi, qui avait étudié les animaux dans le cadre de ses recherches sur la physiognomonie et l'expression des passions, ait participé à la définition des oeuvres, mais aucun de ses dessins ne peut être mis en rapport avec le Labyrinthe.
Il est probable que les frères Perrault ont fourni des modèles, comme pour d'autres réalistations versaillaises telles la grotte de Thétys ou l'allée d'Eau.

Les vingt-et-un sculpteurs sur le chantier du Labyrinthe ont réalisé une oeuvre collective, où les collaborations durent être fréquentes.
Pour la plupart, ces artistes étaient plutôt employés à des sculptures allégoriques, où l'animal pouvait certes prendre place, mais à titre d'attribut.
Seuls Le Hongre et les frères Marsy pouvaient se prévaloir d'une experience animalière.


PIERRE MAZELINE/MV
 


SCULPTORS

For its size, the assembly formed by the animal sculptures of the Labyrinth is unprecedented.
The architect of this unique bestiary is not know. 
It is not impossible that Charles Le Brun, first painter of the king, who had studied animals in his research on physiognomy and expression of passions, has participated in the definition of the works, but none of his drawings can be linked with the Labyrinth.
It is likely that the Perrault brothers provided models, like for Versailles achievements such as Grotto of Tethys or Water walk.

The twenty-one sculptors on the site of the Labyrinth have made a collective work, which had to be frequent collaborations.
Most of these artists created rather allegorical sculptures, where the animal could certainly take place, but as an attribute.
Only Le Hongre and Marsy brothers could boast an animal experience.





LES GRAVURES DE SEBASTIEN LECLERC

Le rôle de Sébastien leclerc dans la diffusion du modèle de ce chef-d'oeuvre disparu est essentiel.
Lorsqu'il reçoit la commande de représenter les fontaines du Labyrinthe  vers 1673, Sébastien Leclerc (1637-1714) est déjà un remarquable dessinateur,  un graveur confirmé, aquafortiste reconnu et célèbre pour la finesse de son trait, la sensibilité de ses gravures d'interprétation qui allient la fiabilité de la reproduction à la liberté de la gravure, et la sûreté de ses compositions originales.

Leclerc multiplie les points de vue, les effets de perspective pour diversifier la représentation de cette succession de fontaines, qui aurait pu se révéler fastidieuse voir ennuyeuse et répétitive.

Au contraire, chaque image, avec son cadrage, son arrière-plan, son angle de vue, sans parler bien entendu de la variété des fables et des animaux eux-mêmes, permet au lecteur de ressentir cet effet de surprise et d'admiration que le visiteur devait éprouver dans le labyrinthe.


Sébastien LECLERC/BMV



THE PRINTS OF SEBASTIEN LECLERC

Sebastien Leclerc role in the diffusion of this disappeared masterpiece is essential.
When receiving the command to carve the fountains of the Labyrinth in 1673, Sebastien Leclerc (1637-1714) is already a remarkable draftsman, confirmed engraver wellknown etcher and famous for its precise line.

Leclerc multiplies the views, perspective effects to diversify the representation of this series of fountains, which could be tedious see boring and repetitive.
Instead, each image with its framing, its background, its angle of view, not to mention of course the variety of fables and animals themselves, allows the reader to feel the effetc of surprise and admiration that the visitor should experience in the Labyrinth.


LECLERC/BAILLY/Musée des Beaux-Arts ville de Paris
 


LE MANUSCRIT ENLUMINE (1674) PAR JACQUES BAILLY

Les gravures de Leclerc (plan, entrée et trente-huit fontaines), admirablement enluminées à la gouache par Jacques I Bailly, sont pour la première fois utilisées pour un manuscrit exceptionnel, en regard des quatrains de Benserade, calligraphiés à l'encre dorée : à la fois édition des gravures et manuscrit, ce volume sur vélin est l'exemplaire unique de Louis XIV, relié en maroquin rouge.

Les enluminures de Bailly recouvrent presque parfaitement les gravures de Leclerc, que l'on n'aperçoit qu'à quelques endroits, et dont elles ne sont pas une simple mise en couleurs : elles introduisent au contraire des variantes dans la position de certains animaux, le rocaillage, beaucoup plus gros et visible, le feuillage des allées, les jets d'eau, moins fins que chez Leclerc, plus jaillissants...
Les couleurs en sont éblouissantes, le traitement des feuillages et des rocailles d'une grande finesse.

Pour le Labyrinthe, il est lui-même chargé de la peinture des statues et des écriteaux des fontaines.


LECLERC/BAILLY/Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

 


THE ILLUMINATED MANUSCRIPT (1674) BY JACQUES BAILLY

The engravings of Leclerc (plan, entry and thirty-eight fountains), beautifully illuminated in gouache by Jacques I Bailly, are for the first time used for an exceptional manuscript next to the quatrains of Benserade,calligraphed in gold ink : both edition prints and manuscript, this volume on vellum is the only copy of Louis XIV, bound in red morocco.

The illuminations of Bailly overlap almost perfectly Leclerc engravings, and they are not a simple colors setting : they introduce variations in the position of certain animals, rockery much larger and visible, foliage walkways, fountains not as fine than Leclerc, more spounting... Colors are stunning.
The treatment of foliage and rockery are coloured with great finesse.

He is responsible of the painting of statues and fountains signs of the Labyrinth.


Gérard EDELINK/Versailles, musée national



ISAAC DE BENSERADE

C'est Benserade (1612-1691) qui reçoit la faveur royale pour les vers du Labyrinthe.
La forme du quatrain, proposée par Perrault sous les statues de l'entrée, adoptée dans le recueil de Bailly et retenue pour orner les fontaines, convenait particulièrement au poète réputé pour la vivacité de son esprit et la concision de ses formules.

Pour autant les quatrains de Benserade peuvent sembler plats et dépourvus de toute inventivité.

Perrault et Benserade nous proposent cependant deux voies divergentes : d'une part celle de l'inventivité et de la réappropriation moderne et galante de l'apologue ; de l'autre, celle du quatrain fonctionnel, proche de l'ornement scriptural, destiné à faire emblème et bientôt inscrit aux fontaines.


Charles PERRAULT par J.P. HIVEN/Versailles, musée national
  


ISAAC DE BENSERADE

It is to Benserade (1612-1691) that the king allowed its favor for the verses of the Labyrinth.
The form of the quatrain, proposed by Charles Perrault under the statues of the entrance, choosed in the collection of Bailly and to adorn fountains was particulary appropriate for his fast wit and brevety of its formulas.

Nevetheless the quatrains Benserade may seem flat and lacking any creativity.

However Perrault and Benserade offer two different ways : firstly,the inventiveness and the modern gallant reappropriation of the fable, on the other, a functional quatrain, close to the scriptural ornament, choosen to be emblem and wrtitten on the fountains.


 Les textes proviennent de l'ouvrage coédité par la Ville de Versailles et les éditions Magellan et Cie à l'occasion de l'exposition "Le Labyrinthe de Versailles : du mythe au jeu" présentée à la Bibliothèque municipale de versailles du 14 septembre au 14 décembre 2013. 


The texts are from the book co-published by the City of Versailles and Magellan and Co editions on the occasion of the exhibition "The Labyrinth of Versailles : from myth to play" presented at the public Library of Versailles on 14 September to 14 December 2013.